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En captivité à l’OFLAG 17A

il y dessina quelques portraits

Cachet du camp
tampon présent sur chaque dessin
Poinçon
poinçon présent sur chaque dessin
Portrait Portrait Portrait
Portrait Portrait Portrait

La grande évasion de l'OFLAG XVII-A

Publié par François Gervais.

Septembre 1943, 132 officiers tentaient de s'évader de l'Oflag XVIII-A.
Retour sur la plus grande évasion de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

      Cinq mille officiers français prisonniers de guerre étaient enfermés dans ce camp entouré d'un réseau de barbelés, construit sur un vaste terrain de manoeuvre de l'armée allemande situé en Bohême Moravie, au nord-ouest de Vienne. Dès le début de leur captivité, certains détenus tentèrent des évasions individuelles; toutes se soldèrent par des échecs, coûtant même la vie à trois d'entre eux. S'évader était un devoir. Mais on ne pouvait s'enfuir du camp qu'en passant sous le réseau de barbelés qui l'entourait.
Vint alors l'idée de réaliser un souterrain qui partirait d'un théâtre de plein air à construire sur l'un des espaces séparant les baraques des barbelés, ce qui aurait le double avantage de réduire la longueur du tunnel et de permettre de mélanger la terre du sous-sol avec celle des futurs gradins.

      Ce projet fut soumis au colonel d'Aillières, le représentant des prisonniers auprès de la Kommandantur du camp. Il l'accepte avec enthousiasme. L'accord pour la construction du théâtre lui est donné en ces termes par le commandant allemand du camp: "Tant que ces messieurs s'amuseront, ils ne penseront pas à s'évader." Il est même d'accord pour prêter des pelles et des pioches à restituer chaque soir... Sous l'autorité du colonel d'Aillières une véritable entreprise baptisée "Charlie" fut entreprise.

      D'une part, le département travaux: mineurs, terrassiers, menuisiers pour coffrage, étayage, chariot pour le transport de la terre, fabrication de sacs avec la toile des paillasses, de loupiotes à margarine dont les mèches étaient fabriquées avec des bouts de ceintures de pyjamas; enfin, d'un ventilateur muni d'un tuyau fait de boîtes de petits pois mises bout à bout.

      D'autre part, l'assistance technique: tailleurs pour la confection des vêtements civils avec des capotes militaires, cordonniers, photographes et fabricants de faux papiers, cartographes. Et pour faire diversion en surface: musiciens, choristes, gymnastes, promeneurs vêtus de pèlerines que l'on appelait les "pingouins".

      Dirigés par le capitaine du génie Hintzy, les travaux débutèrent en mai 1943, par la pose d'un coffrage muni d'une trappe dans le fossé d'évacuation des eaux de pluie, passant sous une large rampe d'accès au futur théâtre. Par cette trappe, on accèderait à un puits de descente et à une salle de stockage des sacs de terre à partir de laquelle serait creusé un tunnel d'une hauteur de 80 cm sur 60 cm de largeur et d'une longueur d'au moins 100 m au minimum. Chaque sac, sorti de la trappe, était attrapé par un "pingouin" qui allait vider la terre au pied d'un terrasier qui la mélangeait avec celle des gradins. Mauvais temps, éboulements, fouilles des baraques... retardèrent les travaux qui devaient se terminer avant l'équinoxe de septembre et son cortège d'intempéries.

      Enfin, le jeudi 16 septembre, un comité des sages fit connaître les noms, et l'ordre de sortie des 150 candidats répartis en deux séries de 75 et dont il avait approuvé les projets. Évasion prévue le samedi 18 et le dimanche 19. Ces jours là, les gardiens ne faisaient pas les appels du soir. La météo étant favorable et la lune se levant plus d'une heure après la tombée de la nuit, cela laisserait un temps suffisant pour évacuer un fugitif par minute.

      La délicate opération consistait à faire disparaître en plein jour par la trappe, 75 bonshommes avec leur bagage, tous en tenue militaire, pour échapper à la peine de mort promise pour "tout civil surpris dans l'enceinte du champ de manoeuvre". Puis chacun devrait ramper dans cet étroit boyau pour occuper sa place numérotée, un espace de 1,25 m. Au fur et à mesure des arrivées, les loupiotes seraient éteintes. Alors, dans le noir absolu commencerait une longue attente qui durerait des heures.

      Le premier soir, le calme requis fut interrompu par un début d'asphyxie, qui fit rebrousser chemin à sept hommes. A 21 h 30, le premier fugitif sortit par l'ouverture découpée dans l'herbe à une vingtaine de mètres du chemin de ronde. A tour de rôle, les autres rampèrent en tirant leur bagage, et le dernier remit en place le carré d'herbe sur le chassis en bois, et refermé par le capitaine Hintzy qui passerait la nuit dans le souterrain. La deuxième "fournée" sortit le dimanche soir, amputée de quelques-uns que le risque d'asphyxie avait découragés. Au total, 132 officiers s'évadèrent de l'Oflag XVII-A.

      Hélas, quatre malchanceux furent vitre repris et ramenés au camp. Lors de l'appel du lundi matin, les Allemands constatèrent que le nombre de manquants était énorme: une gigantesque chasse à l'homme fut déclenchée. Presque tous les évadés furent repris et expédiés en camps de représailles. Ne revinrent pas à l'Oflag deux officiers qui avaient été abattus et cinq autres qui réussirent: les lieutenants Poupet et Gessy qui prirent contact avec les maquis slovaques dans les Carpates, les capitaines Corrège et de Valence qui rejoignirent les troupes françaises du général Juin en Italie, et le lieutenant Cuene-Grandidier.

      La grande évasion de l'Oflag XVII-A fut ressentie par les nazis comme une offense faite à la Wehrmacht et au Grand Reich. Heinrich Himmler ordonna à la Gestapo d'éliminer désormais les évadés qui seraient repris, terrible sanction dont furent victimes, six mois plus tard, les aviateurs anglo-saxons massacrés dès leur capture.


SOUS LE MANTEAU

Des prisonniers français de la seconde guerre mondiale avaient filmé leur camp et leur évasion

      En 1940, cinq mille officiers français sont prisonniers dans un camp autrichien, l'Oflag 17a (Offizier-Lager : camp pour officiers), à la frontière avec l'actuelle République tchèque. Pour faire acte de résistance et tromper l'ennui, naît dans quelques têtes une idée aussi saugrenue qu'inédite : filmer le quotidien.

      Grâce à une aide extérieure et à une bonne dose d’ingéniosité, ils réussissent à immortaliser en images leurs conditions de détention. Résultat, un documentaire de vingt-six minutes, intitulé Sous le manteau, et tourné grâce à une caméra fabriquée en toute clandestinité.
Cachées dans des saucisses, les pièces de l'appareil arrivent au compte-gouttes à l'Oflag 17a. Une fois assemblée, la caméra de fortune est cachée dans un faux dictionnaire. Les bobines de film seront elles dissimulées dans les talonnettes de leurs chaussures rafistolées.

Des images dans ce documentaire réalisé pour France 5 ICI

      Au nez et à la barbe de leurs geôliers, les prisonniers français ont tout filmé : leurs conditions de détention, leur quotidien, mais aussi les préparations de leur évasion, la plus importante de la seconde guerre mondiale, affirme la BBC. 

      À l'Oflag 17a, les détenus ne sont pas soumis au travail forcé. Ils peuvent y étudier, et en profitent très rapidement pour élaborer des plans d'évasion. Lorsque les Allemands autorisent les Français à bâtir un théâtre, ces derniers le décorent de branchages, le cachant partiellement à la vue de leurs gardiens.

      C'est à côté de ce théâtre, entre les baraquements et les barbelés, qu'ils décident de creuser leur tunnel. Un forage facilité lorsque la Croix-Rouge déplore l'absence de protection contre les bombardements aériens dont devraient bénéficier les prisonniers. Les gardes distribuent alors des pelles aux Français, avec lesquelles ces derniers commencent la construction du tunnel.

      "Il y avait des mathématiciens, des géologues, des architectes. Ils avaient l'expertise requise", témoigne l'ancien lieutenant et prisonnier Jean Cuene-Grandidier.

      Dans le camp, l'évasion s'organise et mobilise les compétences de chacun. Une équipe est chargée de confectionner des vêtements civils que revêtiront les prisonniers une fois évadés. Une autre s'emploie à fabriquer de faux papiers d'identité, tandis qu'une autre encore cache la terre extraite du tunnel dans le théâtre.

      Le 18 septembre 1943, tout est prêt. A la nuit tombée, un premier groupe s'engouffre dans le tunnel. Le lendemain, les Allemands n'ayant rien remarqué, d'autres prisonniers tentent leur chance.

      Jean Cuene-Grandidier a gardé de nombreux souvenirs de cette évasion :
"Il y avait très peu d'air dans le tunnel. Certains se sont évanouis. Nous avons attendu presque dix heures dedans, imaginant à chaque instant le pire, par exemple qu'un peloton d’exécution allemand nous attendait à la sortie du tunnel."

      Finalement, l'évasion se passe sans encombre. Les fugitifs reçoivent l’instruction de partir dans des directions différentes. Mais, en une semaine, la  quasi-totalité des cent trente-deux évadés sont retrouvés par les Allemands, et ramenés au camp. Seulement six d'entre eux réussissent à s’échapper définitivement. Jean Cuene-Grandidier, qui vient de fêter ses 100 ans, est le dernier survivant de ces prisonniers évadés.


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