Antoine Pol(Douai le 23 août 1888 - Seine-Port le 21 juin 1971) |
Je veux dédier ce poème A toutes les femmes qu'on aime Pendant quelques instants secrets A celles qu'on connaît à peine Qu'un destin différent entraîne Et qu'on ne retrouve jamais. A celle qu'on voit apparaître Une seconde à sa fenêtre Et qui, preste, s'évanouit Mais dont la svelte silhouette Est si gracieuse et fluette Qu'on en demeure épanoui. A la compagne de voyage Dont les yeux, charmant paysage Font paraître court le chemin Qu'on est seul, peut-être, à comprendre Et qu'on laisse pourtant descendre Sans avoir effleuré sa main. (A la fine et souple valseuse (Qui vous sembla triste et nerveuse (Par une nuit de carnaval (Qui voulut rester inconnue (Et qui n'est jamais revenue (Tournoyer dans un autre bal. A celles qui sont déjà prises Et qui, vivant des heures grises Près d'un être trop différent Vous ont, inutile folie, Laissé voir la mélancolie D'un avenir désespérant. (A ces timides amoureuses (Qui restèrent silencieuses (Et portent encor votre deuil (A celles qui s'en sont allées (Loin de vous, tristes esseulées (Victimes d'un stupide orgueil. Chères images aperçues Espérances d'un jour déçues Vous serez dans l'oubli demain Pour peu que le bonheur survienne Il est rare qu'on se souvienne Des épisodes du chemin. Mais si l'on a manqué sa vie On songe avec un peu d'envie A tous ces bonheurs entrevus Aux baisers qu'on n'osa pas prendre Aux coeurs qui doivent vous attendre Aux yeux qu'on n'a jamais revus. Alors, aux soirs de lassitude Tout en peuplant sa solitude Des fantômes du souvenir On pleure les lèvres absentes De toutes ces belles passantes Que l'on n'a pas su retenir.
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En 1911 Antoine Pol écrit "Les Passantes". Il me
dira "Ce que j'ai écrit à 23 ans est authentique.
Dans le regard de toutes ces passantes que j'ai croisé, j'ai vu
souvent dans leur cœur le drame infini ou l'ennui d'une vie sans
attrait. Je lisais
dans leur âme à livre ouvert et leur peine à peine
cachée m'enseignait combien leurs douleurs étaient vives".
Ses œuvres principales sont : En 1914 il est officier Artilleur au 9ème Régiment d'artillerie, il est promu capitaine, obtient la croix de guerre puis la croix d'officier du mérite militaire en sauvant sa batterie contre l'ennemi, plus tard il est fait chevalier de la Légion d'honneur.
La même année il rencontre le colonel Meneboode, et fait la connaissance de sa femme Yvonne et se mariera en 1915. En 1916, le 17 septembre alors que sa femme est à Besançon, il apprend la naissance d'Alain son premier fils, pendant qu'il défend le front avec ses hommes. Le 22 septembre 1917, son beau-frère Henri-Albert, jeune officier, est tué par un obus, Antoine écrit à sa mémoire un recueil de vers, émouvant hommage posthume. En octobre 1918,
il édite à 110 ex. son premier recueil " Emotions
Poétiques" aux éditions du Monde Nouveau. C'est
ce petit livre de 130 pages que Georges Brassens découvrira
en 1942 chez un bouquiniste de la Porte de Vanves. Ce jour là Brassens
fut si emballé par le poème qu'il commenca à en écrire
la musique, qu'il remania plusieurs fois jusqu'en 1964, et qu'il retravailla
encore jusqu'en 1969. Il la chantera pour la première fois à Bobino
en décembre 1972. Moins de deux mois après, le 21 juin 1971, il meurt à Seine-Port dans sa maison auprès de toute sa famille. L'avant veille de sa mort, il me disait:" J'ai écrit "Les Passantes", toi tu les entendras chanter pour moi..." Depuis elle a été traduite en 18 langues et chantée dans toutes les circonstances de la vie. L'hommage qui lui est rendu par la musique de Brassens est à l'image de l'auteur, car Georges aurait tant voulu rencontrer cet homme qu'il ne connaissait que par l'écrit. En Août 1971, il l'appelle au téléphone, c'est sa femme Yvonne qui lui répond : " Il vient de mourrir...". Brassens en fut inconsolable car il avait manqué un rendez-vous après avoir trop tardé. Dix ans après en Octobre 1981, c'est Brassens qui rejoignait Antoine Pol vers les étoiles... A la demande des Amis de Georges j'ai réédité à l'identique "Emotions Poétiques" à 500 exemplaires. On peut l'obtenir
en allant sur le site : www.brunoantoinepol.fr |
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Antoine Pol était bien trop modeste
pour se mettre en avant. On disait de lui, qu’il était un
poète secret. Ses nombreux amis entre 1909 et 1971 le lui rappelèrent
souvent. Il était l'ami des grands poètes de son temps. Dans sa dernière lettre quatre jours avant sa mort le 21 juin 1971, il écrit
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