Francis Hallé
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Francis Hallé né à Seine-Port
le 15 avril 1938, notre mère
ayant mis au monde ses 7 enfants à son domicile. Jeune il se
passionnait pour l'histoire, l'archéologie, la biologie marine,
la classification des poissons et la navigation. Nous avions chaque
année des vacances d'été,
dans la maison de notre grand-père, André Dauchez, en
pays bigouden. La navigation à voile était alors une
passion que nous exercions avec prudence vu les dangers nombreux de
notre secteur côtier. Devenu moniteur à l'école
de voile des Glénans, Francis fut vite le meilleur navigateur
de la famille.
A Seine-Port, nous avons souvent traversé la Seine dans des
embarcations de fortune et pêché des écrevisses.
C'est alors que le plancton commença
à nous passionner : prélèvement dans l'océan
d'abord puis dans les eaux douces de Seine-Port et de ses environs, à commencer
par le plancton de nos citernes, des mares de Nandy et de Fontainebleau.
Nous nous plongions dans un gros livre du Dr Laloy (A.Brehm, Vers,
Mollusques... Protozoaires - 1881).
Bon dessinateur, Francis emplissait des carnets de Diatomées, de Desmidiées,
de Ciliés, de Flagellés, de Tardigrades, de Gastrotriches, etc. C'est alors
que j'ai hérité du microscope Zeiss monoculaire de notre grand-père paternel,
Noël Hallé, et que nous découvrîmes la "Microscopie Pratique" de G. Deflandre
éd. de 1947). Et nous nous mîmes à casser le plus possible de rognons de
silex récoltés tout autour de Seine-Port, découvrant les riches dépôts
alluvionnaires de l'ouest de notre commune. Nous fîmes de merveilleuses
découvertes et de rigoureux dessins dans les groupes des Hystrichosphaera,
Hystrichospheridium, Ophiobolus et bien d'autres... Ces
merveilles du plancton de l'ère secondaire sont parfaitement conservées
dans leur gangue de silice. C'est alors que Francis fit ses études de biologie
et de botanique à la Sorbonne. Il eut le même grand patron que moi en Côte
d'Ivoire, le professeur Georges Mangenot. Pour ma part je fus un autodidacte
venu à la botanique par l'agronomie et le dessin. Francis y entra par la
voie de l'enseignement supérieur. Il devint vite professeur à l'Université
de Montpellier, enseignant et chercheur spécialisé dans les tropiques (nombreux
ouvrages sur les arbres des forêts denses humides.) Ensuite il voulut quitter
le niveau du sol et étudier les plus grands arbres par la canopée, niveau
habituel de leurs fleurs. Avec des spécialistes des engins (G. Ebersolt)
et des vols (D. Cleyet-Marrel) il conçut le "radeau des cimes" et de ses
variantes qui, depuis 1989, propulsé par ballon dirigeable (précédé par
une montgolfière vite abandonnée) fit le bonheur de nombreux spécialistes,
outre les botanistes : les entomologistes, zoologistes, climatologues,
physiologistes, écologistes etc.
Enfants nous construisions jadis de très hautes cabanes dans notre bois
de Seine-Port, maintenant un très grands nombre de canopées sont explorées
dans tous les pays tropicaux humides par des spécialistes de tous pays.
C'est de toutes les mondialisations la plus noble qui soit. Francis Hallé,
enseignant très apprécié de ses élèves, fut aussi comme notre père, un
excellent conférencier.
Même depuis sa retraite, Francis continue à voyager et à nous préparer
des surprises : la prochaine cinématographique avec "Il était une Forêt"
de Luc Jacquet, production Bonne Pioche.
par Nicolas Hallé |