KUTLER
Joseph

Mort pour la France
le 17 février 1915

Tué à l’ennemi à Vauquois (Meuse)

Piquet

Kutler Joseph, né le 28 mars 1890 à Bazarmes, Yonne, mobilisé à Melun, classe 1910, matricule 337, soldat au 31ème Régiment d'Infanterie

Joseph KUTLER est chauffeur d'automobile lors du recensement de la classe 1910

Joseph naît le 28 mars 1890 à Bazarnes, dans l'Yonne, sous le patronyme Lefèvre. Il est fils d'Eugénie Marie Lefèvre, vingt-deux ans, domestique et d'un père inconnu.
Il est légitimé par le mariage de ses parents, Jean Kutler et Eugénie Marie, le 16 juillet 1892 à Seine-Port.
La famille, installée à Seine-Port, s'agrandit avec la naissance de 8 autres enfants.
Joseph est l'aîné de cette fratrie. Il a cinq ans lorsqu'il a enfin un petit frère, Georges René, né le 25 juillet 1895.
Joseph quitte sa famille pour faire son service militaire, et dès le 1er octobre 1911, il rejoint le 153ème Régiment d'Infanterie.
Il rentre chez lui le 8 novembre 1913 avec le certificat de bonne conduite.
L'ordre de Mobilisation générale du 1er août 1914 le rappelle au service. Il se présente le 3 août suivant. Affecté au 31ème Régiment d'Infanterie, il sera, comme bon nombre de ses camarades de régiment, tué le 17 février 1915 à la bataille de Vauquois dans la Meuse.


VAUQUOIS (12 février 1915 – 2 août 1916)

Du 21 janvier au 12 février 1915, le régiment prend son repos dans la région Brocourt – Parois. C'est là qu'il apprend que le général SARRAIL, commandant l'armée, a choisi la 10e D. I. pour une tâche difficile et glorieuse. A cette D. I. revient l'honneur d'avoir pris Vauquois.

Qui ne se rappelle ce nom qui retentit alors dans toute la France ? De l'étroit plateau où se dressait le village, les Allemands contrôlaient tous nos mouvements depuis Clermont-en-Argonne jusqu'à la vallée de l'Aire. Bien abrités dans les caves bétonnées et reliées entre elles par des galeries souterraines, ils nous bravaient : plus d'un assaut s'était déjà brisé au pied de la butte sanglante.

Après reconnaissance, les troupes vont prendre, dans la nuit du 16 au 17 février 1915, leurs emplacements de combat : 2e bataillon et 10e compagnie (commandant CUNY), troupes d'attaque ; Le reste du 3e bataillon en réserve au Mamelon-Blanc (P. C. du colonel) ; 1er bataillon en soutien du 44e colonial qui attaque Boureuilles. Le 17 février, la préparation d'artillerie commence à 9 heures ; à midi, le tir s'accélère, trois mines françaises doivent exploser avant l'assaut, une seule saute et bouleverse notre première ligne, tuant ou blessant une trentaine d'hommes. Malgré le désarroi produit par la mine, les trois compagnies de première ligne, au signal d'attaque donné par le clairon, s'élancent vers le plateau. Le terrain, retourné par les obus, est tellement escarpé que, pour gravir la pente, nos soldats doivent s'appuyer sur leur fusil. La première ligne ennemie est dépassée, Vauquois est atteint. L'église, qui constitue un des principaux centres de résistance, est en notre possession. Nos soldats les plus intrépides atteignent l'arête nord de la butte, mais ne peuvent la dépasser. L'ennemi, massé sur les contre-pentes, mitraille avec furie le rebord du plateau. Les troupes qui occupent Vauquois sont bien réduites ; le commandant CUNY essaye en vain, à la tête de la compagnie de réserve, de les renforcer ; il est blessé, ainsi que son lieutenant adjoint. Le bataillon de réserve du Mamelon-Blanc trois fois se porte en avant, trois fois des rafales de mitrailleuses l'obligent à refluer avec des pertes sanglantes. L'ennemi prononce alors une forte contre-attaque contre Vauquois ; ceux qui l'occupent, après avoir épuisé toutes leurs munitions, se replient pas à pas, maintenant l'ennemi en respect.